Mohamed Belhalfaoui est comme un enfant prodigieusement flânant, sans autre préoccupation que de réaliser son rêve et il nous laisse comme présent son travail sans aucune équivalence sur : La poésie arabe maghrébine d’expression populaire. Cet homme voulut et fit œuvre sinon de pionnier dans sa volonté de porter à la connaissance, par la langue de son peuple, des auteurs comme Brecht, Molière entre autres, c’est-à-dire qu’il entreprit de traduire farouchement et passionnément en arabe populaire Don Juan, l’École des femmes, L’exception et la règle. Non satisfait de cela, il les mit en scène et les joua pour les siens.
Cette littérature arabe maghrébine est véhiculée par le langage populaire, elle n’est surtout pas improvisée ou naît d’une spontanéité sans autre volonté que dans le dire, elle obéit à des règles formelles, précises et parfois complexes. L’auteur nous les révèle, mais aussi nous donne la trame de son fonctionnement sinon de son imaginaire.
Cet ouvrage est un bien précieux et met à sa juste place la conception et le regard colonialistes de notre société sur la culture du Maghreb. C’est une œuvre majeure avec des poèmes de haute lignée tant par leur conception que par leur assemblage, leur figure. L’auteur dont l’enfance prend au plus profond ses racines dans cette poésie, aussi ancienne sinon séculaire que le Maghreb, nous restitue, nous offre et nous apporte en partage cette grande richesse. `
Nourrissons-nous en et faisons notre bénéfique moisson de cette obole, de cette merveille due à l’entêtement mais aussi à l’érudition de Mohamed Belhalfaoui.