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Han Dêh !

Han Dêh !

L'histoire rare d'un appelé en Algérie
Auteur·rice :

13,00 

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Jaquette avec rabats 14 x 22
2-915 293-35-x
Date de parution :

L’expérience brûlante de l’Algérie (vingt-huit mois de notre vie) a d’abord été pour moi, comme pour presque tous les jeunes hommes de ma génération, tue, cachée, comme enterrée vivante au retour. Simplement pour continuer à vivre sans devenir fou. C’est seulement vers les années quatre-vingt (vingt ans après la déchirure) que tout pour moi, poursuivant son travail souterrain, a explosé. J’ai ramassé et écrit ce morceau de vie en vrac – comme on va crier au loin tout seul dans la campagne. Un cri à vous déraciner la gorge. Un cri pour personne. Un cri encore une fois muré et muet. Dans ce cri écrasé de toute une génération, il y avait aussi à taire, pour les Français, quelque chose qu’on ne voulait pas, qu’on ne pouvait pas voir ni nommer… J’ai donc réenterré et réenfoui ce morceau tout sanglant collé à moi comme une chose obscène qui semblait ne concerner personne, qu’il valait mieux camoufler, affaire classée, fini ! De la mémoire à vif, comme un paquet qu’on jette à la déchetterie, écrasé sous les bulldozers de l’Histoire.

Vingt ans encore ont passé. Cette expérience faisait brasier dans mes yeux, au fond de tout ce que je faisais, dans tout ce que j’entendais vivre en Algérie. Les élans et les réussites au début m’avaient enthousiasmé et brusquement, le lent suicide, l’autodestruction me déchiraient comme une malédiction. Ceux que j’avais vus brûler dans une vision qui hante mes nuits de plus en plus fort — et que je rejoins actuellement par la souffrance — étaient morts en cendres pour rien.

Xavier Dejean (3 mai 2004)

« Se taire, enfouir, ne plus jamais parler. Des centaines de mille de ces faux amnésiques pleins de cris écrasés, la mémoire tatouée de cicatrices, toujours hurlantes, vingt ans après ! À 40 ans, la mémoire fracturée crève, explose, lacérée, crevassée de longs tremblements de terre. Chacun dans son coin essaye de consoler les fantômes. Aux premiers poils blancs, le temps prend feu. La honte, même enterrée profond, pas moyen d’en faire sagement de l’humus à fleurettes. Si on veut vivre, il faut cracher, évacuer un jour tout le pourri, seul, longues nuits, haleter, soulevé, hurler, hurler pendant que s’en vont à la dérive les morceaux… lambeaux de vie qu’on ne recoudra jamais. »

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