Nous savons sur les Justes, nous savons sur ceux qui se mirent en danger pour sauver des enfants, des adultes et des vieillards juifs. Mais que savons-nous sur la solidarité de certains Français et Françaises envers le Juif insulté, humilié, marqué ? Ouvrir ces pages nous permet de découvrir, comme une chose rare, que des femmes et des hommes, jeunes pour la plupart, choisirent en 1942 de porter un insigne jaune ou une étoile détournée aux inscriptions diverses : zazou, Auvergnat, swing, bouddhiste, goï, papou. En arborant publiquement ces bouts de carton ou de tissu, ils ont voulu ainsi exprimer leur révolte spontanément, avec humour et sans violence. Par ce geste à la fois dérisoire et essentiel, ils ont participé à une résistance symbolique contre l’occupant et ses sbires. Alors que l’extermination des Juifs était en cours, ces femmes et ces hommes furent arrêtés et internés dans des camps en France comme « Amis des Juifs ».
Ces résistants aux étoiles nous restaient inconnus : grâce à nos auteurs, deux jeunes chercheurs, ce déni de justice est réparé. Ils nous expliquent ces parcours d’exception et donnent pour la première fois la parole à ces témoins retrouvés soixante ans après les faits. S’appuyant notamment sur des archives privées et des documents iconographiques inédits, ce travail propose un regard neuf sur les formes de solidarité en France sous l’Occupation, et une réflexion originale sur le combat symbolique mené contre l’horreur et le cynisme du système nazi. C’est non seulement une leçon d’humanité, de dignité et de générosité, mais aussi une satyre sans fard contre l’ignoble et le cynisme du système nazi.