En Kabylie, de cet enfant berger analphabète recueilli par les Pères Blancs à cet homme devenu avocat puis élu au deuxième collège de l’Assemblée algérienne, se déroule une page de la colonisation française en Algérie. L’auteur ouvre les archives de son grand-père, Boudjemaa Benjamin Ould Aoudia, pilier, avec le groupe des « 61 », d’une réalité algérienne démocratique et humaine. Il dévoile les comptes rendus des entretiens des élus du deuxième collège avec les ministres du gouvernement Edgar Faure, le gouverneur général Jacques Soustelle et le président du Conseil Guy Mollet. Le constat est accablant : sous les principes et les discours sur les droits de l’Homme, la politique française en Algérie applique en réalité la négation absolue des droits les plus élémentaires. Des instructions officielles jusque-là dissimulées en témoignent. Grâce à ce petit-fils d’élu de Grande Kabylie, mais aussi fils d’un père assassiné par l’OAS, personne ne pourra plus parler d’intégration et de guerre d’Algérie avec les mêmes mots, le même cynisme.
Voilà un livre d’aujourd’hui, de maintenant, qui fait leçon d’Histoire. Jean-Philippe Ould Aoudia nous laisse devant notre responsabilité et c’est à nous, Hommes de vérité, de rencontrer notre passé et de le reconnaître