Ces pages apportent le témoignage d’un appelé sur la torture en Algérie de juin 1961 à mars 1962 à la Villa Sésini dénommée maintenant Villa Susini. Ce livre donne la parole à cet appelé déchiré par l’horreur qui, sous ses yeux, se déroula et sur sa propre responsabilité. L’ouverture de ce dossier douloureux et tragique, avec sa part de vérité, interroge tout citoyen, tout homme libre. Ce récit qu’il a réalisé en 2001, uniquement à partir de sa mémoire, se trouve corroboré par les archives militaires, même si celles-ci apportent quelques écarts quant aux dates précises et aux chiffres fournis dans ce texte.
Ce récit, plus qu’un témoignage, tente de répondre à quelques questions :
— Comment, pourquoi des appelés se sont retrouvés dans ces équipes de tortionnaires ?
— Comment ces hommes, près de 50 ans plus tard, restent des handicapés devant vivre avec les traumatismes qui ont marqué leur jeunesse ?
Laissons au préfacier le soin et la réalité, par cet extrait, de le présenter : « La dénonciation de la torture en Algérie coloniale prit une ampleur nouvelle le 29 janvier 2001. Le général de Bollardière et la torture, film de André Gazut, était projeté dans une grande salle… L’Arlequin était comble, et du public jaillirent de nouveaux témoignages… Le tout dans l’apparente indifférence des pouvoirs publics. Ce fut dit, avec l’exigence que l’État se mobilise pour soulager de leurs troubles les victimes survivantes, les témoins passifs — “appelés” en majorité — mais aussi les exécutants non moins tourmentés. Un homme se leva, au fond de la salle, et dit alors : “Je fus de ceux-là, des tortionnaires, et c’est vrai”. »
Comme Le Monde du 12 octobre 2001 l’écrit, ce livre est d’un « ton juste ». Sans complaisance et sans aucune demande d’apitoiement, l’auteur révèle et ce, pour la première fois, que les appelés ont pratiqué couramment tortures et viols.