Qui sont ces anonymes combattants dont on nous parle si peu et qui pourtant sur le terrain étaient hautement engagés ? Quels noms portent ces femmes et ces hommes entrés en clandestinité très tôt ? Ceux qui ont rejoint dès les premiers jours de l’infamie et de la reddition l’Armée de l’ombre pour dire non, quel visage ont-ils ? Notre auteur-témoin, avec humilité, raconte sa route glorieuse et ces pages appartiennent au livre de l’Histoire. Ceux-là furent notre honneur et nous permettent aujourd’hui de pouvoir regarder notre mémoire dans la glace. Guy Le Corre nous conte son parcours de résistant au nazisme, d’opposant à la collaboration. Lui, ce cheminot breton, porte à notre connaissance la tâche journalière de sa lutte mais aussi ses faiblesses, ses craintes, la mort et la présence angoissante et assassine du traître qui œuvre sans vergogne et se fait payer en retour de vie et de sang le prix de sa dénonciation. Cette résistance intérieure en zone occupée jouera un rôle essentiel dans la libération de notre pays. Ces pages, dans un style soutenu, sobre, nous permettent d’approcher le quotidien de la lutte de base dans la Résistance française. Sans se mettre en avant, l’auteur nous permet de comprendre le fonctionnement d’un réseau (qui dépendra de « Manipule ») et la part de chacun dans la libération du pays. Nous allons, de Bretagne à Paris, d’un fait d’armes à un autre, d’une cache à un sabotage, d’une arrestation à une planque et d’un combat au jour le jour à un déraillement, découvrir ce monde souterrain ; et son rôle historique dans le ralentissement ou la paralysie de l’activité de l’Occupant.
Ce livre se lit comme un récit d’aventures et le monde du rail ne peut que s’enorgueillir de cette part non négligeable de cheminots qui combattirent pour que la France redevienne France.
Michel Reynaud